13 février 2008

Baby ? Douce fille...

509 - Oh, je crains que le contenu de cet ouvrage ne soit bien daté. Mais comme on m'en a causé récemment, un petit point s'imposait...

"Baby douce fille" de Sadie Blackeyes (!) lu il y a des lustres lors des rééditions en fac-similé de Dominique Leroy (78-80) est un de ces livres de la célèbre collection "Orties blanches", typique des productions "Mac Orlanesques" et de l'époque. Vers 1910...

On a du mal à dater avec précision les sorties en librairie, ou plutôt sous le manteau. On dit 1919, j'ai une autre source qui parle de 1913...

Bref.

C'est l'histoire d'une jeune fille (mineure) soumise et résignée qui est vigoureusement punie pour son indolence... Puis envoyée en pensionnat (classique, la totale: méchante belle-mère, gouvernante sadique, condisciples cruelles et autres institutrices perverses) dont elle finit par s'enfuir, avec même un passage surréaliste chez les indiens, vers la fin...

Dans le genre exotique, on peut préférer l'amusant pastiche de romans d'aventure "Cruelle Zélande", de Serguine, une variation paillarde sur ce thème relatant l'histoire terrible de la jeune Stella, toute fraîche épouse d'un officier britannique tombée entre les mains d'une tribu néo-zélandaise aux premiers temps de la colonisation.

Et l'auteur de "l'éloge de la fessée" d'y souligner le solide et joyeux bon sens des "sauvages" qui ne se lassent pas de déniaiser la blonde héroïne, baisée, fessée et copieusement utilisée par ses geôliers avant d'être libérée, presque à regret !

La morale victorienne reprend ses droits in fine, mais on devine plus que de la nostalgie dans les derniers mots de Stella rentrée en Angleterre avec son officier, dans la grisaille conjugale et le brouillard de son île natale:


"Cruelle, oui... cruelle Zélande !"

On se plaît alors à rêver: et si le premier contact des Colomb et autres découvreurs avec les sauvages - du Pacifique, de la Caraïbe ou d'ailleurs - s'était conclu par une fessée, comme en usèrent les Maoris avec Stella ?

Allez, revenons sur ce passage "peaux-rouges et poteau de torture", mettant en scène des Sioux de fiction, chers à Fenimore Cooper ou à d'autres romanciers du début du XXème siècle.

Un peu comme pour Tintin au pays des Soviets dans lequel Hergé s'était inspiré d'un livre référence, le Far West de Blackeyes-Mac Orlan n'existe que dans l'imaginaire collectif d'alors.

Qui a lu le "Tarzan of the apes" d'Edgar Rice Burroughs datant de la même période (1912) comprendra aisément ce que je veux dire... Mais c'est sûrement dérivé des récits d'explorateurs ou des journalistes de l'Illustration, qui donnaient aux Français d'alors leur ratio encyclopédique sur le monde inconnu qui nous entoure...

Depuis, les explorateurs du National Geographic et surtout les innombrables documentaires et reportages télévisés ont un peu désacralisé tout ça.

C'est presque dommage.

Retour au bouquin. Une fois l'histoire terminée et après des tas de fessées reçues par cette malheureuse Baby, on y trouve de fausses lettres témoignages, un peu comme le fit Union soixante ans plus tard, narrant par le menu de soi-disants châtiments corporels réels.

Le narrateur fait toujours mine de s'en étonner, voire de s'en offusquer en protestant pour la forme, mais nous restitue parfaitement bien les scènes avec un luxe de détails...

Trop poli pour être honnête.

À lire, probablement plus pour comprendre l'état d'esprit et la morale de l'époque (qui voyait naître au même moment les suffragettes en Angleterre) que pour les qualités littéraires de ces ouvrages de commande que les auteurs n'ont jamais niés avoir écrits pour gagner leur vie.

Les fameuses suffragettes, tiens: femmes ancêtres des féministes des années 60, que (si on en croit les écrits des journaux d'alors) la plupart des instances masculines rêvaient d'enfermer dans des prisons où elles seraient fouettées quotidiennement le temps de leur incarcération pour leur apprendre à vivre avant de les renvoyer aux fourneaux. Non mais...

L'une d'elles fut jugée et condamnée pour avoir cravaché Winston Churchill en pleine rue...

Le 13 novembre 1909 en effet, à la gare de Bristol, une de ces femmes en colère nommée Teresa Garnett frappe au visage le ministre du commerce d'alors, à l’aide d’un fouet à chien.

Arrêtée par la police, la jeune femme de 25 ans se serait écrié:

"Vous ne l'avez pas volé et ce n’est pas fini ! Les femmes britanniques vous en feront voir d’autres..."

2 commentaires:

abby williams a dit…

Hi E! The girls tied to the stake at the Indian camp is fantastic! When I was little I would play "cowboys and Indians" and I always played a cowgirl captured by a tribe and tied to a pole on my swingset. My friends tied me up with jump-ropes. This picture captures my childhood fantasies perfectly.

Erik A. a dit…

Dear Abby girl, be sure I'm glad to allow you to go back in your childhood mémory...

I played such games too. As a boy catching the girls... We really did it and spank a young friend of us when I was ten... Naughty, huh ?