02 mars 2006

J'aimerais avoir une secrétaire...

Le fantasme de la “secrétaire salope“ est perceptible chez la gent masculine à tel point qu’il en a été tiré une série de fringues à louer par un revendeur de panoplies coquines plutôt astucieux:

ça nous donne un catalogue très fourni, où l’on retrouve pêle-mêle la possibilité de s’habiller en serveuse française (sic), en fée, en personnage de conte, en petit lapin ou en princesse lubrique.

Charmant à regarder, bref idéal pour vos soirées costumées... Ou vos petites partouzes du samedi soir.

(merci à l'incontournable Bricabrac dans son post sur Mardi Gras de me donner une nouvelle fois l'occasion de rebondir...)

Nos amis anglais aiment bien les déguisements. Il ne se passe pas d’années sans que l’on ne surprenne un membre du gouvernement en layette ou attifé en soubrette (autre panoplie qui fait fureur de l’autre côté du Channel) avec tout l’attirail, guêpière et bas résilles, le string enfoncé dans la bouche, parfois étouffé à l’aide d’un sac plastique pour plus de sensations fortes, dans les cas extrêmes…

Les tabloïds raffolent de ce genre d’histoires et font leurs choux gras de ces scandales qui poussent à la démission d’honorables parlementaires surpris travestis, les fesses zébrées par le fouet d’une maîtresse tarifée ou non, bref en galante compagnie alors qu’ils défendent à la Chambre l’image de LA famille dans le sens le plus puritain du terme. À croire que les hautes écoles britanniques d’où sont issus les notables fabriquent des refoulés pervers et surtout perturbés…

Holy spirit ! Les fessées au collège y seraient-elles pour quelque chose ?

Je suis certain, pour avoir effleuré le sujet lors de mon séjour dans une école (pourtant moyenne) de la Perfide Albion il y a des lustres, que les châtiments corporels alliés à l’atmosphère si particulière de ces collèges exclusivement réservés aux garçons, tracent un peu plus qu’ailleurs la route vers une libido compliquée pour bon nombre de nos amis Brits.

Donc Secretay, La secrétaire in french… Un film "indépendant" plutôt réussi de Steve Shainberg, avec la jolie Maggie Gyllenhaal, brillante dans un rôle pourtant bien casse-gueule, et qui s’en sort avec les honneurs. Au départ, ce genre d’histoire vue par les américains, on s’inquiète un peu… À tort.

C’est juste une comédie bien enlevée où James Spader parfait en patron névrosé installe peu à peu une relation de domination-soumission classique (à base de fessées) entre lui et la jeune femme qu'il emploie, évidemment un peu perturbée elle-aussi…

Deux acteurs omniprésents, unité de lieu, presque en huis-clos avec la majorité des scènes en tête à tête, pas mal de dialogues… Pas de poursuite en voiture, ni d’explosions à tout bout de champ… Raconté comme ça évidemment, j’ai bien conscience que ça ressemble un peu au thème d’un film français faussement intello (en France “intello“ c’est quand on comprend rien et qu’on sort de la salle en extase devant le vide) style Despleschin, et on baille déjà. D’avance… et d'ennui.

Pourtant c’est une jolie comédie (!) romantique, un film d’amour où la fessée fait partie du jeu. Pas un chef d’œuvre absolu, pas la comédie ultime, ni un long-métrage SM pur et dur, mais une vraie histoire d'amour, un film intelligent, sentimental, touchant et bien joué… Si vous ne l’avez pas vu, séance de rattrapage en DVD toujours possible.

Je ne résiste pas à vous mettre en lien les lettres de VRAIES secrétaires outragées lors de la sortie, et qui sous la houlette de leur syndicat ont écrit en masse à la production pour protester contre l’image que donnait soi-disant à leur noble profession l’affiche choisie pour ce film… Ces fesses offertes (au patron, sans doute !) ont fait grincer des dents. Et un florilège des meilleures lettres d’indignation se trouve ici...

Lettres dont voici un petit extrait pour les flemmards pour qui cliquer à l’aide de leur souris (oui, faut la déplacer…) reste un gros effort… Je précise quand même que je ne nie évidemment pas les réelles souffrances de certaines femmes qui exercent ce métier, ni le scandaleux harcèlement moral et sexuel dont elles font parfois les frais. Le droit de cuissage existe toujours et les petits chefs mesquins aussi. On le sait, on le déplore.

Les réactions sans doute excessives de ces femmes outragées par une affiche (graphiquement amusante, mais d’un goût douteux, ok...) montre bien qu’elles sont à fleur de peau. Mais c’est un faux débat, le film ne prétendant pas être autre chose qu’une histoire de séduction entre deux êtres, et où le métier n’est qu’un prétexte vecteur. Il est juste à mon sens des combats plus sérieux… Et si mes amies filles peuvent donner leur avis, je suis preneur… (y compris de celui de ma copine syndicaliste niçoise...)

"Monsieur, votre affiche m'a profondément choquée. Elle réduit la femme et la secrétaire en particulier à un cul et à une position soumise. Il se trouve que j'ai été secrétaire et qu'il n'est pas facile au quotidien d'assumer cette position… (surtout quand on a un beau cul, ce qui est mon cas !)

Je sais bien que pour mon patron, mes collègues, mes clients, une jolie secrétaire devrait se laisser baiser. Cela fait partie de son boulot, pas toujours facile de le leur rappeler, quitte à prendre le risque de perdre son emploi. Votre affiche scandaleuse laisse à penser qu'ils ont raison et cela contribue à laisser faire le harcèlement sexuel. Imaginez que ce soit une Arabe que vous mettiez dans cette position. Vous auriez déjà, je pense, un procès pour incitation à la haine raciale. Pourtant, d'après les critiques que j'ai pu lire sur votre film, il a l'air intéressant mais malheureusement, votre affiche m'a dissuadée d'aller le voir.

La liberté d'expression va de pair avec la responsabilité. Vous en avez une en tant que producteur. Merci de l'assumer."
Ça calme. Non ?

Pour finir sur une note gaie, pour vous les filles, un petit opuscule paru en 89 chez Régine Desforges qui pourrait vous aider à nous comprendre mieux, nous, les hommes... Le titre déjà: Autoportrait en érection peut contribuer à vous mettre (!) sur la voie.

L'auteur, (Guillaume Fabert, un pseudo, qui s'en vint masqué et anonyme à Apostrophe à l'époque sous le regard amusé et complaisant de Bernard Pivot) se (la) raconte, nous y livrant crûment (et limite prétentieux) ses petites histoires de cul en toute franchise. (D'autant plus "cul", que le monsieur est un véritable amoureux de la sodomie dont il nous donne presque un mode d'emploi, au regard de ses nombreuses tentatives et le résultat de ses expériences personnelles...)

C'est donc une suite d'anecdotes vécues regroupées et racontées au fil des pages avec le parfum du réel, sans chichis ni faux-semblants. Fabert appelle un chat une chatte, et évoque pour nous la généalogie détaillée de ses conquêtes et petites amies depuis l'adolescence jusqu'à l'âge adulte, reprenant sa découverte des choses du sexe dans une progression amoureuse et sensorielle.

Drôle à lire. Voire instructif donc ! Suivez mon regard (lubrique...)

10 commentaires:

Anonyme a dit…

La Secrétaire est un putain de film magnifique.

Le réalisateur avait été obligé de le reporter car les producteurs "à la base" désiraient voir disparaître les déviances des deux personnages principaux, il me semble.

C'est une véritable ôde à la différence, à l'affirmation de soi, à l'Amour et le Sexe faits pour que l'on se complète, pas se conventionnalise.

C'est vraiment agréable de retrouver ce film dans des articles de blogs trouvés sans véritable recherche approfondie... :o)

Amicalement,
AJC

Erik A. a dit…

merci de votre visite AJC. Je suis tout à fait d'accord sur "l'ode à la différence"... Et Shainberg a quand même pu faire son film à peu près comme il l'entendait, un bide aux USA, mais quasi-culte en Europe, comme souvent.

Anonyme a dit…

J'ai coché toutes les tenues affriolantes qui pourraient m'être seyantes.....lol! je vous envoie la liste...

Anonyme a dit…

Avis de femme avez vous dit?
J'ai trouvé ce film magnifique. Quand je parle de ces moments de temps supendu autour de la fessée, ils sont bien rendus, ici. La magie de la rencontre, la tension de la relation tout y est juste. C'est agréable de se sentir en phase avec un film qui parle de nos désirs, sans s'y sentir caricaturée.
En ce qui concerne l'affiche, il ne m'est jamais venu à l'esprit de la trouver choquante, elle est même belle à mon sens dans ce jeu de lignes qui se croisent. Evidemment je ne suis pas une féministe acharnée non plus.
Je le regarderai bien une nouvelle fois, mais j'ai peur que Mr ne me jette des regards soupçonneux et ce ne sera pas pour me donner une fessée, hélàs.

Erik A. a dit…

merci, chère Constance. votre avis m'est précieux...

Erik A. a dit…

un DVD ça peut aussi s'acheter... Si on devait attendre de le trouver en médiathèque... en plus en tant que créateur, l'idée de vendre UN bouquin qui soit lu par des dizaines de personnes qui ne l'achètent pas mais qui le louent sans que ça me rapporte un centime est un souci, au niveau des droits d'auteur qui me font vivre... etc...

Anonyme a dit…

Je viens de lire quelques uns des courriers adressés au producteur du film....et je souris...J ose espérer que ces demoiselles sont plus choquées par les attaques au Code du Travail, par les salaires de misère et leurs conditions de travail... Aussi par le travail des enfants qui revient par la petite porte et un tas d'autres "réjouissances" qui seraient trop longues à citer ici....que par la vue d'un cul ! J ai pour ma part vu ce film et je l'ai adoré...parce qu'il parle de la fessée certes mais aussi parce qu'il montre jusqu'à quelles limites l'amour et le désir peuvent amener une femme....C est mon côté fleur bleue, j'aime les histoires d'amour même quand elles finissent mal. Je rejoins ma copine Kokine, syndicaliste comme moi (et oui....c est possible ! lol), sur le respect dû aux femmes dans le monde du travail..et aussi, parce que ce n'est pas à sens unique, sur le respect dû aux hommes...La vrai parité est là...La vraie reconnaissance aussi... Et, comme tu l'as si bien dit dans ton post Stan, pas besoin d'une journée qui, pour ma part, nous différencie de l'homme en tant qu'habitante de la Terre... Pour conclure, je me demande si finalement toutes ces lettres de "râleuses", ne sont pas plutôt des lettres de jalousie...

La Salade

Erik A. a dit…

merci chère Salade du sud. J'attendais un peu votre avis éclairé. Je ne suis pas déçu, comme toujours. Je vous croque délicatement une feuille.

So a dit…

A propos de secrétaire, connaissez-vous ce blog ?
http://delautrecotedutiroir.blogspot.com/?zx=8358a844bc5ad335
Je trouve la présentation originale.

Erik A. a dit…

Oui, je connais ce blog, je crois d'ailleurs que j'ai commenté un post.